• BAI, Gang.
- Le langage figuratif du temps dans À la recherche du temps perdu de Marcel Proust : une étude épistémocritique et interculturelle.
Résumé de Thèse par l'étudiant
Le présent travail traite de la représentation du temps dans 'À la recherche du temps perdu' de M. Proust à la lumière de la philosophie du temps d'après 'Le Classique du changement', ouvrage le plus ancien en la matière dans la tradition chinoise. Il s'agit d'une lecture épistémocritique et interculturelle par laquelle nous essayons d'éprouver l'enjeu d'un métalangage métaphorique dans l'interprétation textuelle de la formulation de l'expérience sensible du temps en dépit des distances spatio-temporelles et culturelles qui séparent les deux uvres. Selon notre hypothèse, 'La Recherche' de Proust serait le projet romanesque d'une démonstration philosophique de la formation de la conscience intime du temps, lequel ne révèle sa portée universelle qu'au moment où les étapes inévitables de l'élaboration de la représentation du temps se laissent percevoir dans les agencements dynamiques de son langage. Partant des ouvrages les plus connus sur le temps proustien et en nous appuyant par ailleurs sur les travaux philosophiques de E. Husserl, de G. Bachelard, de J. Derrida, de P. Ricoeur et de F. Jullien, nous nous proposons d'examiner les fonctions narratives de la description du temps cosmique dans l'uvre de Proust et la valeur figurative des commentaires de certaines figures dans 'Le Classique du changement'. Ces analyses permettent de découvrir que derrière l'épisode de la madeleine qui ouvre le monde romanesque proustien et le concept 'yin '/'yang' qui sous-tend toute la combinatoire des soixante-quatre hexagrammes représentant les diverses situations de la mouvance du réel, il y a une figure originelle - la métaphore du soleil. Ainsi réanimée, cette métaphore morte nous amène à constater l'existence supra-temporelle de la formation du savoir sur le temps dont l'élaboration de la formulation du langage pourrait trouver son universalité dans le substratum de imaginaire des peuples de tous les temps: grâce à la mise en image de l'alternance du paraître et du disparaître, l'attente du retour de l'astre solaire ou de l'être aimé est à l'origine de l'appréhension du réel en nouvellement permanent.