On a beaucoup glosé sur Gaston Bachelard, ce postier devenu professeur à
la Sorbonne ; on a souvent évoqué son charisme pédagogique, ses tenues extravagantes.
Il y a là un certain nombre d'images d'Épinal aisément disponibles pour
la postérité. Pourtant l'œuvre elle-même mérite tout autre chose.
On a rarement pris en compte les dimensions imaginaire et métaphysique,
pourtant essentielles, de ses écrits. Cette dernière particularité se révèle
notamment dans le rapport que Bachelard entretient aux autres philosophes,
par exemple Schopenhauer et Bergson. De même, on a souvent négligé le lien
fondamental du philosophe avec l'espace littéraire : son style hors du commun
ainsi que son dialogue avec Fondane ou sa correspondance avec Louis Guillaume
en sont les illustrations symptomatiques. Enfin, les thèmes du vertige et
de la solitude, qui sont au centre de toute la méditation bachelardienne,
méritent d'être mieux étudiés qu'ils ne l'ont été jusqu'à présent.
L'auteur s'attache ici à combler ces quelques zones d'ombre.
Jean Libis est professeur de philosophie et romancier. Il est aussi président
de l'Association des amis de Gaston Bachelard.
[Jean LIBIS, Gaston Bachelard ou la solitude inspirée,
Berg International éditeurs, 2007]