2005, année anniversaire des articles fondateurs dus à Einstein en 1905
sur la relativité restreinte, l'effet photoélectrique et le mouvement brownien,
a été déclarée année mondiale de la physique. La relativité et la mécanique
quantique à la naissance de laquelle Einstein participa, changèrent notre
compréhension scientifique du monde. On assistait à une " révolution " aussi
profonde et aussi radicale que celle qui, au XVIIe siècle, imposa la physique
galiléenne et l'astronomie copernicienne. Cet anniversaire, cette année
mondiale de la physique, a été l'occasion non seulement de rappeler les
avancées théoriques qui se produisirent dans cette période particulièrement
riche mais aussi de montrer comment cette recherche théorique avait donné
naissance à un monde humain et matériel nouveau : le laser omniprésent,
le GPS qui permet aux navigateurs de se situer avec une précision jusque-là
jamais atteinte, l'énergie nucléaire civile ou hélas militaire, sont autant
de conséquences de ces bouleversements théoriques.
La philosophie se devait de penser et éclairer les mécanismes et processus
de ces chamboulements. Il fallait comprendre non seulement les grandes lignes
de l'univers qui se trouvaient ainsi redessinées mais encore les voies d'une
pensée scientifique confrontée aux énigmes du monde. Ce redoutable défi
qui consistait à repérer les cheminements de la raison dans un ensemble
de lois de plus en plus abstraites, de plus en plus mathématisées, d'énoncés
de plus en plus étranges fut relevé par Gaston Bachelard. Les descriptions
de la science s'éloignaient de plus en plus de l'expérience immédiate que
nous avons des choses. La rupture entre la connaissance immédiate et la
connaissance scientifique que Bachelard avait repérée dans l'histoire des
sciences, devenait irrémédiable. C'est cette rupture qu'il sut penser. C'est
parce qu'il nous a donné une épistémologie de la physique de la première
moitié du XXe siècle que son œuvre nous offre les outils qui, aujourd'hui
encore, peuvent nous permettre de comprendre la physique en train de se
faire.
L'œuvre épistémologique de Gaston Bachelard consacrée à la physique est
très vaste et il est évidemment impossible dans le cadre de ce numéro des
Cahiers d'en rendre compte de manière exhaustive. Cependant, les articles
qui sont regroupés ici montrent clairement toute l'actualité de l'œuvre
du philosophe des sciences.
Numéro coordonné par Gérard CHAZAL