Les contributions rassemblées dans ce volume n'entendent pas chercher un
dénominateur commun minimal entre la pensée de Bachelard et la phénoménologie,
en ramenant à la portion congrue leurs différences et en mettant en parallèle,
coûte que coûte, deux voies de recherche qui ont de toute évidence si souvent
divergé. Il s'agit, bien au contraire, de faire se recroiser des chemins,
des interrogations et des intuitions dont les différences mêmes, pour indéniables
qu'elles soient - mais aussi parce qu'elles sont indéniables - indiquent
un partage de certaines interrogations fondamentales. Nous avons donc cherché
à faire entendre, au sein des différences thématiques entre les écrits de
Bachelard et ceux des philosophes qui se réclament de la pensée et de la
méthode phénoménologiques, la résonance d'un même acte philosophique. Autrement
dit, nous n'avons eu d'autre projet que de donner au lecteur de ce dossier
" Bachelard et la phénoménologie " l'occasion d'entendre, dans l'espace
de pensée ouvert entre deux rives différentes, le retentissement d'un même
style et d'un même dynamisme philosophiques.
En un mot, si Gaston Bachelard est ici considéré comme un non-phénoménologue,
c'est conformément à sa manière de comprendre le " non ", c'est-à-dire en
concevant l'adversité comme un moment du jeu entre deux forces expressives
qui s'entrecroisent et retentissent l'une sur l'autre.