"De toute manière, l'homme est devant un problème moral de transmission du savoir scientifique. Il faut mettre notre jeunesse dans la ligne du savoir moderne. On ne conçoit pas que la génération scientifique régnante mette une sourdine dans l'enseignement scientifique de la génération montante. Nous devons tout notre savoir à nos enfants. [...] C'est au point que je n'hésiterais pas à vous proposer le thème d'une primauté de l'école. On dit et redit que le devoir de l'école, c'est de préparer l'enfant pour la vie. On utilise sans fin une métaphore guerrière : il faut- dit-on, armer notre jeunesse pour le luttes de la vie. Bref, l'école est faite pour la société. Mais comme tout serait plus clair, plus doux au coeur des hommes, si nous inversion la proposition et si nous pouvions dire : la société est faite pour l'Ecole. L'Ecole est un but. L'Ecole est le but. Nous nous devons corps et âme à la génération qui vient."


[Gaston BACHELARD, "La vocation scientifique de l'âme humaine", in L'homme devant la science, Neuchâtel : La Baconnière, 1952, pp. 28-29]



"La pensée axiomatique, trop souvent acceptée d'un bloc par le philosophe qui ne suit pas le travail effectif du mathématicien, n'est donc ni un départ inconditionné ni une marche automatique. Il faut lui donner toute sa réalité, tout son caractère concret. « A qui dirait : on n'édifie rien de stable sans fondement, il nous faudrait répondre qu'un fondement choisi au hasard, établi sans discernement, n'est pas nécessairement un fondement qui convienne, qui possède automatiquement et dans tous les cas les qualités requises de stabilité. Il ne suffit pas d'avoir reconnu qu'un édifice exige un fondement pour être dispensé du souci de bien fonder. »

« Et de même, il ne suffit pas d'avoir compris qu'il faille une base axiomatique pour que la construction axiomatique puisse commencer. Cette raison-là ne justifie pas le choix de tel ou tel axiome, de tel ou tel groupe d'axiomes. Elle ne tient pas compte de l'aménagement général du dispositif axiomatique1. »

Tout Gonseth est là, l'homme et le penseur. Il ne veut pas se satisfaire d'une adhésion du bout des lèvres. Il faut que le lecteur ou l'interlocuteur le suive dans sa volonté d'examiner minutieusement l'aménagement de ce système d'exactitude qu'est un dispositif axiomatique."

1 - F. Gonseth, La Géométrie et le problème de l'Espace. Neuchâtel : Editions du Griffon, IV, P. 5.


[Gaston BACHELARD, "L'idonéisme ou l'exactitude discursive", in Études de philosophie des sciences. Mélanges Gonseth, Neuchâtel : Éditions du Griffon, 1950].

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