Atelier Bachelard
Vers une poétique de l'agir ? Réflexions autour de la notion d'image-acte
(Cycle "Imagination, action, praxis")
Gilles Hieronimus (Lyon 3)
mercredi 29 mars 2017 de 18h00 à 20h00
à l'Université Jean Moulin - Lyon 3
Bâtiment de la recherche, 18 rue Chevreul, salle CH 201
Argumentaire
Gaston Bachelard n'est pas spécialement connu pour avoir développé une philosophie de l'action et, plus généralement, une philosophie pratique. Nous tenterons de montrer, à rebours de cette représentation dominante, que sa poétique peut être ressaisie comme une "poétique de l'agir" (J-P Pierron), soucieuse d'inscrire l'imagination au cœur de l'action, et de lui conférer une véritable fonction pratique, non seulement morale, mais aussi - de façon quasi clandestine mais puissamment subversive - politique. Si l'on admet parfois que rêver ne dispense pas forcément d'agir, on peut même aller jusqu'à avancer que pour Bachelard la rêverie constitue une ressource indispensable pour l'action, ainsi que l'auxiliaire d'une praxis renouvelée, éclairée par l'imagination, et non seulement par la raison ou la perception, comme on le pense généralement. On s'appuiera principalement ici, pour dégager les lignes de force de cette "poétique de l'agir", sur la notion d'"image - acte", introduite dans les Fragments d'une poétique du feu, et illustrée par les figures d'Empédocle (héros de la mort libre par le feu) et de Prométhée (héros de la désobéissance créatrice). Après avoir interrogé la signification de "l'image - acte", définie de façon paradoxale comme un "pré-acte qui ne passe pas à l'acte" (demeurant ainsi juste "au-dessous du seuil" de l’action effective), nous tâcherons d'en saisir la portée au regard d'une poétique de l'agir, susceptible d'articuler à nouveaux frais imagination, action et praxis. En séparant méthodiquement le "règne de l'action" du "règne de l'imagination", Bachelard n’entend-il pas subordonner l’action morale et politique à l’acte d’imaginer, au lieu de l’inféoder d’emblée à une raison purement instrumentale et/ou à un réalisme appauvri ? En faisant primer les « images - acte » littéraires sur les grands récits, le verbe poétique sur les mots d’ordre, le droit de rêver ici et maintenant sur l’injonction à planifier des lendemains qui chantent, ne définit-il pas les conditions d’une forme paradoxale d’engagement, qui se révélerait autrement opératoire ? Ne nous invite-t-il pas enfin à envisager, par delà un "nouvel esprit littéraire" (La terre et les rêveries du repos), ce que l’on pourrait appeler un nouvel esprit utopique, dont la praxis contemporaine gagnerait peut-être à s’inspirer ?
Entré libre
La conférence sera suivie d'une séance de discussion avec le public.