Métanoïa
Il faut « s’évertuer à trouver, derrière les images qui se montrent, celles qui se cachent, aller à la racine même de la force imaginante ». Les mots de Gaston Bachelard retentissent dans l’oeuvre d’Ivana Boris qui travaille sur l’énergie de la matière et sur sa capacité à solliciter l’imagination. Ses photographies dépassent les apparences perceptives pour retrouver les forces et les puissances qui habitent les éléments de la nature. En pratiquant une archéologie du regard, elle saisit l’intimité substantielle des éléments et libère les images enracinées dans les matières qui, comme des germes naturels de création, engendrent des nouvelles formes en donnant unité à la composition.
Ivana Boris relate avec ses photographies d’artiste l’invisible qu’elle saisit dans la nature, en produisant une véritable conversion du regard. Ainsi des histoires de mondes inaperçus prennent vie grâce à son regard créateur. Les images reçues sont travaillées en profondeur, décomposées et réorganisées pour forger des nouvelles images et révéler une histoire qui attendait d’être racontée.
Ivana Boris surprend les forces des éléments à l’état naissant. Elle prélève leur puissance dynamisante et la transforme en images imaginées. Avec ses photographies nous sommes invités à retrouver l’adhésion au monde et la participation à l’être des choses. Un acte de métanoïa qui produit un renversement total de notre esprit, nous conduisant au-delà de nos pensées et de nous-même.
Par-delà les formes et les couleurs, nous sommes face à des créations ressortissant d’un onirisme qui déforme la perception et la dissout pour dévoiler les fibres secrètes de la nature, en nous faisant respirer le souffle des éléments. Alors surviennent des images imaginées nous invitant à redécouvrir le dynamisme de notre propre vie intime et à la vivre librement.
Renato Boccali Professeur en théorie et technique de la photographie Université IULM, Milan