Hommage à Maryvonne Perrot
Avec le décès, après une longue hospitalisation au Brésil, le 18 décembre 2016 de Maryvonne Perrot nous perdons une amie personnelle et une infatigable amie bachelardienne. Aux côtés du regretté professeur Jean Brun, dès les années 1980, elle a co-organisé et défendu les premières manifestations orales et écrites autour de l'oeuvre du philosophe qui avait occupé pendant 10 ans une chaire à l'université de Dijon (1930-1940), dont un amphithéâtre porte son nom. Elle a très tôt coordonné des travaux d'études lexicographiques numérisées de la poétique et anima le Centre Gaston Bachelard, plus tard intégré dans une UMR-CNRS. On lui doit des travaux magistraux et profonds sur la poétique du philosophe qu'elle abordait à partir de ses compétences esthétiques et d'histoire de l'art, de sa grande familiarité aussi avec l'oeuvre des surréalistes et de H. Bellmer en particulier. Ces dernières années elle avait maintenu et coordonné avec enthousiasme et obstination l'édition des Cahiers Bachelard à l'université de Bourgogne et avait même entrepris la création d'une nouvelle revue bachelardienne numérique, qui est restée virtuelle à ce jour. Lors de sa retraite, deux volumes d'hommages collectifs lui avaient été offerts, signes de l'immense affection que lui témoignaient beaucoup de ses étudiants et collègues. Très fidèle aux réunions de l'association, elle n'avait cependant jamais voulu prendre de responsabilités associatives, se réservant à son engagement strictement universitaire. Son décès va laisser un vif souvenir attristé et un grand vide universitaire puisqu'elle avait, avec Gaël Cloitre, maintenu seule la flamme bachelardienne à l'université de Bourgogne.
Jean-Jacques Wunenburger, Président de l'association internationale Gaston Bachelard.
Jean Libis, ancien Président, vice-président.
A titre personnel, nous nous sommes suivis à quelques années d'intervalle comme étudiant de Jean Brun puis comme assistant, maître-assistant et professeur à l'université de Dijon. D'un caractère pragmatique trempé, elle avait toujours déployé une énergie à soulever des montagnes (administratives, entre autres) et gardait de son maître Jean Brun une ironie féroce à l'encontre des grandeurs d'établissement. Je me souviendrai toujours d'un voyage commun au Sahara, des voyages à Mainz dans le cadre du jumelage inter-régional et du dernier verre sur la promenade des anglais à Nice, quelques jours avant son - dernier - voyage au Brésil en septembre 2016 (avec son amie Jocelyne Pérard, ancienne présidente d'université). Malgré les inévitables tensions professionnelles, nous n'avons jamais cessé d'être complices, fidèles en amitié, et je pouvais compter sur elle - comme elle sur moi- pour les jurys de thèse et les participations aux colloques et publications. Avec elle je perds une grande amie personnelle, universitaire et bachelardienne.
Jean-Jacques Wunenburger, ancien professeur à l'université de Bourgogne